Dix faits surprenants et amusants sur la mer et les océans

Pourquoi déteste-t-on tant les journalistes ?

 Le moins qu'on puisse dire, c'est que le métier de journaliste n'a pas "bonne presse". Il y a sans doute d'excellentes raisons à cela et, loin de vouloir donner quelque leçon que ce soit, certains confrères devraient revoir la manière dont ils abordent certains sujets et certaines rédactions revoir la proportion de sujets qu'il couvre.

Parmi les reproches souvent faits aux journalistes, c'est celui d'être "à la botte du pouvoir". En effet, les journalistes d'actu parlent de ce qui fait l'actu. Et ce qui fait cette actualité est, le plus souvent, le fruit du travail des prises de position ou des décisions de ceux qui gouvernent. Qu'il s'agisse du destin d'un pays, d'une administration ou encore d'une grande entreprise, la vraie question est celle du renouvellement de ces dirigeants. Si on retrouve un ancien premier ministre à la tête de la RATP, il n'est pas surprenant que le public ait la sensation qu'on ne fait que parler de lui. Mais il s'agira d'un traitement de l'information sous deux angles distincts, l'un étant son ancien rôle de premier ministre, l'autre son nouveau poste.

Second point d'importance, l'actualité. S'il ne se passe pas une journée sans qu'un évènement ait lieu, la vaste majorité de ces évènements ne sont que des épiphénomènes locaux. N'entendez pas qu'ils n'ont pas de caractère de gravité ou d'importance pour leur victime, simplement, ils n'ont d'importance que pour celles et ceux qui les vivent (auteur, victime ou témoin) et personne d'autre. Du fin fond de ma campagne, savoir que des "rodéos sauvages" menés par des "hordes de délinquants" ont lieu à l'autre bout de la France ne m'apporte rien. Enfin, si, cela m'apporte quelque chose, et c'est là qu'apparaît la vraie force des médias. Ils créent une distorsion de la réalité. Une information, aussi infime soit elle, répétée en boucle pendant 24 heures sur une chaîne autoproclamée d'information devient rapidement un év-nement, puis un fait de société. Et qui dit fait de société dit inévitablement récupèration, politique, religieuse ou philosophique. 

Ajoutez à cette multiplicité des messages la présence d'un ou de deux "beaux parleurs" (on les appelle les bons clients) qui passent bien à l'image ou dans les mots. Ils deviennent référents en la matière, sans que quiconque - métier de base du journaliste - ne valide vraiment l'autorité de ces personnes. Prenons le cas de Stéphane Bourgoin. Il s'est mis à parler des tueurs en série, en a rencontré un ou deux et il a suffit de raccourcir ces deux phrases pour ne plus en faire qu'une seule ("Stéphane Bourgoin, spécialiste des tueurs en série qui en a rencontré") pour qu'il soit figure d'autorité. Dans les faits, il a été victime (bien consentante pour faciliter la vente de ses livres certes) de l'emballement médiatique qui fait l'info aujourd'hui.

Si j'adorerais faire du journalisme radio, c'est car la radio ne laisse que peu de place à ces experts. Pour parler et laisser l'auditeur créer l'image intellectuelle de l'information, il faut que le Nagra soit au milieu de l'évènement, dans la nudité absolue de la vérité. Et dans sa cruauté aussi.

Mais je m'égare du sujet de base qui tentait de comprendre les raisons de la détestation d'un métier que j'adore. Les frontières entre journalisme, animation et amusement ont littéralement explosé ces dernières années. On ne sait plus dire, en regardand un programme de divertissement, qui est l'amuseur, qui est le journaliste et qui est le témoin. L'invective, l'insulte parfois. Le traîtement extrèmement court ou, au contraire extrèmement long d'une information. La caution - parfois involontaire - de tel ou tel politique de renom. Tout cela crée un vomi audiovisuel qui rend le décodage, le rangement dans des cases de notre cerveau, des savoirs acquis - les informations - impossibles ou, pire, transverse. Une donnée sera à la fois classée comme distrayante, informative et culturelle car elle a été abordée par des figures d'autorité des trois domaines.

Alors qu'une information n'a qu'une seule caractéristique, celle du contexte - espace temps - dans lequel elle est abordée. La presse écrite, en ligne comme sur papier, réussit assez bien en l'object. La rubrique culture, la rubrique faits divers, la une, la rubrique sports, la rubrique nécro. Tout est découpé et ordonné pour aider notre cerveau à ordonner l'arrivée du tiercé dans la case "loisirs" et la guerre en Ukraine ou ailleurs dans la case "Actualité internationale". Mais ... elle demande l'effort de s'arrêter, de prendre le temps de lire et de ranger les informations, temps dont ne dispose ou ne veut pas disposer l'ensemble du public.

Dernier élément qui, à mon sens crée ce désamour du public, le regroupement des pouvoirs. A une époque pas si lointaine (disons 150 ans), il existait en France plus de 3000 quotidiens qui  paraissaient et annonçaient qui de l'actualité très locale, qui de l'actualité internationale. Ces milliers de journaux n'étaient pas moins partisans que ceux d'aujourd'hui, au contraire. Mais ils constituaient un maillage de vérité et de contre-vérité à même de permettre, bonnant malant, de trouver la justesse du message.

Ils ne sont aujourd'hui plus qu'une dizaine de grands titres (Le Figaro, Le Monde, LIbération, Le Journal du Dimanche, Le Canard Enchaîné, ...) à apporter l'information. Et la plupart sont propriétés de riches groupes d'industriels qui demandent de la rentabilité, c'est leur métier. Au final, les journalistes membres des rédactions de ces médias ne sont plus libres. Ils doivent couvrir des sujets qui à la fois ne froissent pas l'actionnaire principal (et ce malgré l'existence des sociétés de journalistes)  et qui permettent de placer des encarts publicitaires. Autrement dit, on ne va pas écrire contre ses annonceurs, c'est eux qui font vivre et manger.

L'indépendance de la presse est morte le jour où elle a eu besoin d'argent. On pourrait, on devrait, demander à l'état de financer la presse, toute la presse, d'information, pour permettre un traîtement impartial et complet des informations. Pour cela, il faut que le contribuable, source des finances de l'Etat, accepte de payer pour une presse qu'il ne lit pas (ou plus) et qui ne partage pas ses opinions. Harô assuré sur le premier politique qui proposera cela. Parler d'augmentation de quoi que ce soit, même si c'est pour y gagner de la démocratie, est inacceptable dans le monde d'aujourd'hui !

Je termine ; La presse, les journaliste, les médias ont à faire leur autocritique. Ils doivent transparence et information juste et claire à leurs lecteurs. Ils doivent, c'est dans le code de déontologie et dans les différents textes qui régissent notre métier, traîter l'information de manière neutre et sans y ajouter de leur(s) opinion(s). Les lecteurs, eux, doivent accepter le fait que lire un journal n'est pas assez, il en faut 2 ou 3, d'accointances politiques (réelles ou supposées) différentes pour se forger une opinion et permettre à ces 2 ou 3 titres d'exister.


Il en va du devenir de nos démocraties et de notre liberté de penser et de parler..


La devise de la république, coiffée du bonnet Phrygien

Unité indivisibilité de la République : [estampe] / [non identifié] © Bibliothèque nationale de France


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