Dix faits surprenants et amusants sur la mer et les océans

Article libre et non publié : L'armement de sécurité obligatoire et l'armement bien pratique

Obligatoires comme optionnels, quels sont les accessoires de l’armement de sécurité indispensables ? 

Pour naviguer en sécurité, certains ajouts à l'armement obligatoire se révèlent bien utiles



La voilà, elle pointe le bout de son anticyclone. La belle saison, celle où il est bien plus agréable, sous nos latitudes, de prendre le large, de larguer les amarres et de redevenir, le temps d’un après-midi ou d’un des week-ends du mois de mai, le navigateur qui a sommeillé en chacun pendant ces longs mois au coin du feu. Sauf que, pour le faire dans de bonnes conditions, la réglementation (la fameuse division 240) prévoit du matériel obligatoire. Et la rédaction vous conseille certains accessoires qui, s’ils ne sont pas obligatoires, seront des plus utiles à bord de votre bateau. 

Quelle loi ? 


Pour être absolument précis, c’est le décret n° 84-410 modifié du code des transports, complété par la division 240 annexée à l’arrêté du 23 novembre 1987 relatif à la sécurité des navires, révisé le 2 décembre 2014 et visé par la Commission centrale de sécurité au cours de sa session du 3 avril 2019 qui l’applique. 

Le colorant, bien utile pour le repèrage aérien d'une personne tombée à la mer



Promis, nous arrêtons dès maintenant les textes de loi à nomes alambiqués, nous parlerons de la Division 240 et de certains de ses articles. C’est sans doute bien assez ! 


Les zones de navigation définissent l’emport de sécurité


La réglementation qui encadre la pratique de la navigation de plaisance définit cinq zones de navigation, selon la distance depuis un abri. Se trouver dans telle ou telle zone signifie non seulement qu’on doit disposer des équipements nécessaires, de l’engin adapté et … Des compétences pour y être, à la voile comme au moteur.


Cet encadrement ne prévoit pas encore, pour les pratiques non motorisées, de certificat de compétences ou de savoir-faire. Cependant, le bon sens et la prudence, dont découle la sûreté, règnent en maîtresses sur l’eau et il ne viendra à l’esprit; souhaitons-le, cette saison à un plaisancier de se lancer dans une traversée d’un océan ou d’une mer s’il ne dispose pas du savoir faire.


Ces zones sont donc nommées conventionnellement : 


  • Basique

  • Côtier

  • Semi-Hauturier

  • Hauturier



Avec une spécificité pour la zone Basique, selon qu’on se trouve à moins ou à plus de 300 mètres d’un abri. Schématiquement, à moins de 300 mètres, ce sont des engins de plage sans emport de sécurité obligatoire (un gilet 50 newtons est néanmoins recommandé), au-delà et jusqu’à 2 milles nautiques d’un abri, l’emport commence à être obligatoire.

La question ne se pose pas, le gilet de sauvetage en permanence !



Ainsi, pour ce qui est des distances on parlera de l’armement Basique (Article 240-2.03) jusqu’à 300 mètres ou 2 MN (Mille Nautiques), Côtier (Article 240-2.04). Entre 2 et 6 MN, on parlera de l’armement côtier. Jusqu’à 60 NM, les navigateurs entrant dans la haute mer devront disposer de l’armement semi-hauturier. Au-delà, l’armement hauturier sera indispensable.

Les équipements obligatoires sont fixés par la Division 240

Partant sur le principe du “qui peut le plus, peut le moins”, voici la liste de tout l’équipement obligatoire pour se lancer dans un tour du monde. La quantité de l’emport va, vous l’avez compris, croissante au fur et à mesure.


La sécurité et la sauvegarde de la vie humaine, les deux objectifs de la division 240 !



  • Basique : 

    • Équipement individuel de flottabilité

    • Un dispositif lumineux

    • Équipements mobiles de lutte contre l’incendie

    • Dispositif d’assèchement manuel

    • Dispositif de remorquage

    • Ligne de mouillage (si masse lège ≥250 kg)

    • Annuaire des marées

    • Pavillon national (hors eaux territoriales)


  • Côtier (donc, en supplément de ce qui précède)

    • Dispositif de repérage et d’assistance pour personne à la mer de type “bouée fer à cheval” ou “bouée couronne”

    • Trois feux rouges à main

    • Compas magnétique

    • Cartes marines officielles

    • Règlement international pour prévenir les abordages en mer

    • Description du système de balisage


  • Semi-Hauturier (équipements supplémentaires eux aussi) 

    • Radeau de survie

    • Matériel pour faire le point

    • Livre des feux

    • Journal de bord

    • Dispositif de réception des bulletins météorologiques 

    • Harnais et sa sauvegarde (longe) par personne embarquée pour les voiliers

    • Trousse de secours conforme à l’article 240-2.16

    • Dispositif lumineux pour la recherche  et le repérage de nuit (projecteur de recherche)

    • VHF fixe


  • Hauturier (aussi appelé “la totale”)

    • Radiobalise de localisation des sinistres et des sinistrés

    • VHF portative

    • Dispositif de communication par satellite (recommandé

Les équipements optionnels que nous vous recommandons

Totalement optionnels mais bien pratiques, les béquilles, pour garder le bateau d'applomb


A cette liste d’équipements obligatoires “au minimum”, nous vous conseillons de toujours disposer de certains accessoires qui, s’ils ne sont pas des gages de sécurité absolue (c’est le rôle de la précédente liste) seront, selon les cas, des aides précieuses ou des accessoires qui permettront la mise en œuvre rapide des solutions de sécurité. 


Commençons par les enfants, à la plage. Aucune question à se poser, les brassards, aux normes CE, gonflés et vérifiés régulièrement en cours de journée, sont portés en permanence. Il en va de même pour la crème solaire et le chapeau ou la casquette, que l’enfant soit coopératif ou non ! 


D’évidence, les utilisateurs d’engins de plage (matelas flottants, boudins tractés …)  seront tous équipés de gilets de flottaison proposant un soutien d’au moins 50 newtons. La question qui peut se poser est de savoir s’il faut disposer ou non de gilets automatiques, le choix est dépendant du degré d’autonomie du porteur. Pour ce qui est des jeunes enfants, il va sans dire que l’accessoire parfait, ici, est l’adulte, lui aussi équipé d’un gilet qu’il saura déclencher ou qui se déclenche automatiquement.


Dès lors qu’on quitte le domaine de la plage et qu’on vient à monter sur un bateau; nous vous recommandons de disposer, dans tous les cas et pour chaque membre de l’équipage d’un “coupe longe” (ce peut être un opinel tout simple tout comme le plus complexe des coupe longe) attaché, à l’instar du sifflet, au gilet. En cas de chute à la mer, il évitera à l’équipier concerné d’être traîné le long de la bordée et de se noyer pendant que les autres équipiers n’ont pas vu qu’il a chuté. 

A tout cela viendra s’ajouter, notamment si vous prévoyez de naviguer à l’aube ou au crépuscule voire - c’est évident - la nuit, une lampe frontale par équipier. Et, aussi, une ou deux lampes torches de forte puissance. Pour les frontales, le choix de disposer d’une led rouge clignotante à l’arrière est intelligent, car il permettra de voir qu’une personne se trouve à tel endroit sur le pont ou à l’avant du bateau pendant la navigation.


Une perche “MOB” permettra de ne pas perdre de vue l’endroit où a chuté un des équipiers et d’y revenir plus facilement.


Toujours au registre des chutes à la mer, une boîte de colorant de détresse (souvent appelé fluorescéine, marquer de détresse …) qui sera largué pour repérer, depuis votre embarcation d’abord, par les secours éventuels ensuite, le point de chute de l’équipier. Bannissez absolument les colorants de détection de fuite d’eau, ils sont le plus souvent invisibles dans de l’eau de mer et coulent très rapidement !


Si vous en avez les moyens, des balises individuelles (type PLB ou EPIRB) permettront de localiser plus aisément un copain tombé dans l’eau.


Des “sacs à vomis” seront toujours les bienvenus à bord, notamment à l’intérieur. En papier ou en plastique, peu importe, ils doivent éviter aux équipiers pris du mal de mer de devoir se pencher par-dessus le bord pour faire ce qu’ils ont à faire.


On n’a jamais assez de piles ni de batteries rechargeables (et chargées) à bord. Pensez à pouvoir remplacer celles des frontales (y compris si elles emportent des batteries rechargeables), du récepteur radio et des VHF portables qui, éventuellement, disposent de la double compatibilité batteries & piles.


Car c’est un élément de sécurité vitale, de l’eau potable, en quantité suffisante (au moins 2 litres par personne et par jour) pour que personne à bord ne sente la soif ou ne puisse se déshydrater en cas de “coup de chaud”.


De la crème solaire “écran total” assurant une protection minimale de 50, appliquée régulièrement (toutes les 2 à 4 heures) et sur toutes les surfaces exposées au soleil.


Du sucre, en morceaux et stocké à l’abri de l’humidité, pour les coups de mou ou les hypoglycémies éventuelles (qui méritent, d’ailleurs, d’être signalées aux secours, ne serait-ce que pour s’assurer qu’il s’agit bien de cela).


Si un des équipiers est diabétique, vérifiez et vérifiez encore avec lui, qu’il vérifie sa glycémie et qu’il dispose d’un stock d’insuline suffisant pour couvrir la durée prévue de la croisière plus 1 ou 2 jours.


Enfin, de la garcette, en longueur à déterminer, car cela sert toujours, y compris pour fixer un accessoire obligatoire dont le support a eu l’excellente idée de se décrocher (comment, qui parle d’une bouée fer à cheval qui se promène à bord ?).

Et pour un peu plus de confort  

Pour que le confort vienne accompagner la sécurité, certains accessoires viendront compléter cet inventaire à la Prévert de matériel qu’il est utile de disposer à bord.


Il s’agit, par exemple, des chargeurs de téléphone portable (batteries, solaire ou à dynamo) qui éviteront les sempiternelles plaintes des ados (et des adultes) dont la batterie est déchargée et qui immanquablement voudront poster les souvenirs de leur escapade sur les réseaux sociaux.


Plus important en termes de confort, si c’est possible sur votre bateau, des béquilles d’échouage, pour qu’il reste aussi droit que possible, même à marée basse !


A la longue, boire de l’eau peut devenir lassant. Aussi, une bouteille de sirop (la grenadine est le plus courant) est une bonne idée et permet d’égayer un peu la boisson, notamment pour les plus jeunes.


Une couverture ou deux, en polaire, y compris s’il n’est pas prévu de dormir à bord, au cas où un équipier a froid ou s’il veut se mettre sur le pont mais voudrait un peu de douceur sous lui.


Enfin, car nous avons tous nos péchés mignons, prévoyez quelques bonbons, chocolat ou chewing-gum, pour la douceur du moment.

Pourquoi tant de choses au fait ? 

Vous pouvez aisément faire l’impasse sur la catégorie “confort” de cette liste. Nous vous recommandons de ne faire l’impasse ni sur la catégorie “un peu plus” et, à plus forte raison - car vous seriez en infraction - sur l’équipement obligatoire.


Le législateur a choisi de fixer cette liste de matériel pour prévenir la sécurité des usagers tout comme, et c’est normal, éviter de devoir engager de coûteux moyens de sauvetage (hélicoptères, canots SNSM, bateaux de la Marine Nationale, avions de recherche …) lorsque des moyens moins chers sont disponibles.


Prendre la mer est une activité ludique, amusante, de détente et de plaisir. C’est aussi une activité dangereuse et qui peut passer du rêve absolu au cauchemar total en quelques instants seulement. Toute la liste de ce matériel, n’en déplaise aux plus râleurs comme aux plus râleuses (pas de différence, il y en a dans les deux sexes), sert à optimiser la possibilité de rester dans le rêve absolu et minimiser celle du cauchemar total.


Il ne s’agit pas de supprimer tout danger, c’est utopique et dangereux de le rechercher, mais de trouver la réponse la mieux adaptée et la plus juste face à un problème donné. 


Pas de casser les pieds aux plaisanciers.


Le texte in extenso de la fameuse division 240 : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/PV933REG.01%20avec%20divison%20240.pdf


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