Dix faits surprenants et amusants sur la mer et les océans

Un journaliste est-il indépendant ?

Dans la réflexion introspective qui m'anime ces temps-ci, une question me vient à l'esprit, que je voulais partager avec vous.

Mstyslav Chernov

Le journaliste est-il indépendant de sa rédaction ?

Les gratuits sont plus exigeants

J'ai été, je suis encore, amené à collaborer à des publications - web notamment - gratuites. Lorsque, pour des raisons qui me sont propres, je décide de me faire bénévole, c'est en connaissance de cause et de conséquences.

Lorsque je le fais pour gagner des sous - satané argent - je constate que les rédactions des publications qui ne vivent que par la publicité sont plus "conservatrices" que les autres. D'une part dans leur approche des sujets - il ne faut froisser aucun annonceur en cours ou à venir - d'autre part, et c'est plus ennuyeux, en termes de conservation de leur "jouets", les pigistes.

Ajoutez qu'il vaut mieux modérer ses propos lorsque, factuellement, un client publicitaire sort un produit qui ne remplit pas son œuvre. Cacher la poussière sous le tapis pour mettre en avant ce qui marche, ce n'est pas du journalisme, c'est de la communication.

Sur abonnement, qualité au rendez-vous

Pitié, que personne ne me fasse le procès d'intention de considérer tel titre meilleur ou moins bon que tel autre juste sur son prix. Certains hebdos à 10 € sont de pures daubes et des quotidiens à 1 € de véritables sources d'information.

Non, le payant a comme devoir de satisfaire d'abord son lecteur et ensuite son annonceur. Même si le continuum des payeurs n'est pas si binaire que cela, il va du double intérêt de l'annonceur et de l'entreprise de presse que de faire de la qualité, pour se valoriser mutuellement.

Le format, ensuite, est bien plus ouvert à de nouvelles idées et de nouvelles te tentatives, pas toujours couronnées de succès, c'est la vie.

Enfin, c'est de droit, chaque entreprise de presse comporte en son sein une représentation de la rédaction - la société des journalistes du titre - qui veille, autant que possible, à l'équité éditoriale.

Au final, un équilibre plus respecté et des journalistes mieux traités.

Le piège du mode de rémunération

Les gratuits doivent, à tout prix, réduire les coûts pour proposer encarts, publi reportages et autres landing pages au prix le plus bas.

Pour y parvenir, elles vont employer deux leviers puissants :

  • Faible rémunération des piges qui nécessitent qu'on en fasse toujours plus (mon psy se souvient de mes 17 heures de travail quotidien) pour livrer 2 voir 3 papiers par jour,

  • Le mode de rémunération, à la facture (auto entrepreneur)leur évite syndicats, comités d'entreprises et autres protections procurées par le droit du travail. Ces sociétés ne font appel qu'à des "fournisseurs de papiers", pas à des journalistes (c'est sans doute la raison qui les fait les nommer "rédacteurs" sans doute 

Et ces rédacteurs-esclaves, le jour où ils souhaitent se libérer du joug de cette rédaction se retrouvent devant un dilemme. Ils ont signé de bonne foi un contrat d'édition qui leur impose certaines clauses limitatives (non concurrence, cession de droits …) qui, si elle sont attaquables en justice, amèneront ces générateurs sur pattes à baisser les bras et se laisseront maltraiter.

Dura lex, sed lex "une entreprise des presse qui emploie des journalistes" blah blah blah. Je l'ai lu 257 fois au moins sur ce principe. Il suffit de ne pas être, dans ses statuts, une entreprise de presse, mais un club de pêcheurs, un imprimeur, un infographiste ou n'importe quel organe de communication qu'on puisse imaginer et commander à ces pigistes des papiers qu'on leur refuse souvent, ce qu'une entreprise de presse ne fera pas (pige acceptée, pige payée, publiée ou pas, sauf dans des cas bien précis)

Le contrat d'édition, un fusil à canon scié 

Le contrat d'édition, c'est un peu comme si, chaque jour, un auteur sortait un nouveau livre. Et que, chaque jour, il faisait éditer ce livre par la même société d'édition qui met à son service attachés de presse, conseils… Bref, qui investit sur vous.

Dans le cadre des piges, en effet vous fournissez un nouveau livre chaque jour (ou plusieurs), mais vous ne bénéficiez d'aucun support. En plus de fournir les textes, vous fournissez la mise en page, les photos et la correction.

On gagne de l'argent quand même

Sans parler des déclarations URSSAF, impôts et frais de fonctionnement qui vous incombent en totalité. Votre client non seulement joue à vous tenir en joue et en joug, mais en plus il multiplie les astuces à la limite de la légalité (fausses notes de frais, factures sans détails, clauses abusives, pression sur d'autres rédactions pour ne pas vous faire travailler…).

Bref, ces entreprises ne jouent le jeu de la presse que lorsqu'elles y gagnent. Elles sont des sociétés de droit commun le reste du temps.

Et des requins lorsque vous prenez des distances.

J'ai, nous sommes nombreux à avoir cédé aux sirènes de l'auto-entreprenariat, y voyant un Eldorado de possible. Je découvre le revers de ce statut lorsque l'équilibre - nécessaire - entre le fournisseur et son client est au désavantage du premier, imposé par les diktats du second.

Seule solution, le salariat

Ami millennial, c'est maintenant que tu peux me traiter de vieux con. Le seul statut qui vaille pour être journaliste, c'est le salariat. Piges, auto entreprise, facture, notes de frais, tout cela n'est rien d'autre que du mode de paiement. Rien d'autre.

Ce ne sont pas des statuts. Il n'en n'existe qu'un et un seul, journaliste. Avec deux variantes possibles, schématiquement, professionnel (plus de la moitié de ses revenus provient de cette activité et il a la carte de presse) ou non professionnel ( moins de 50 %, pas de carte de presse).

Point final !

Independent ou pas ?

Journaliste salarié, il est indépendant car la fonction "revenus de l'entreprise" et la sienne sont séparées.

Dans tous les autres cas - sauf bénévole pu associatifs, c'est différent - le rédacteur est à la merci de son donneur d'ordre.

C'était quand, déjà, l'abolition de l'esclavage ?

Bonne journée 


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