Dix faits surprenants et amusants sur la mer et les océans

Non Paru : Les bourses aux équipiers, comment bien s’en sortir pour un embarquement réussi ?

Vous voilà prêt, chaussures bateau aux pieds, sac sur le dos; gilet de sauvetage à poste. Il ne manque plus qu’une seule chose, l’embarquement ! Trouver un bateau lorsqu’on n’est pas propriétaire ou ami d’un propriétaire peut s’avérer être un travail assez compliqué. C’est à cela que servent les multiples bourses aux équipiers qu’on trouve sur internet … Notamment !

Se présenter sans mentir


On pourrait croire que se créer un CV nautique long comme un bras, rempli de multiples traversées sera bénéfique pour trouver un embarquement. En vérité, c’est même l’inverse. A l’image de ce qui se fait dans la recherche d’un emploi et du Curriculum Vitae correspondant, dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité évitera les malentendus et les “je pensais que” qui arriveront, dans tous les cas.

Tout le monde a commencé un jour et a dû apprendre. Cette capacité et cette envie d’apprendre sont des éléments à mettre en avant sur un CV nautique pour trouver l’embarquement parfait. Encore faut-il que ce soit la vérité, apprendre, cela veut dire écouter ce que dit “le sachant” (a priori le chef de bord du bateau). Et, aussi, poser les questions avant l’embarquement pour mieux comprendre la manière de naviguer, le type de bateau, le nombre de voiles, le type de chauffage … En bref, c’est montrer - et c’est sans doute la moindre des choses - qu’on n’est pas juste à la recherche d’un taxi pour aller d’un point A à un point B et dont on accepterait de nettoyer les sièges.

Se présenter c’est faire en sorte que l’autre ait envie de parier sur plusieurs points dans le voyage envisagé : 

  • Une personne de confiance qui ne me volera rien

  • Quelqu’un qui pourra prendre la barre si elle sait barrer

  • Un équipier qui, s’il casse quelque chose, est couvert ou saura pallier la perte

  • Un passager sympathique avec qui plaisanter et dialoguer

  • Un voyageur qui sait où il a envie d’aller

La constitution d’un équipage est une étonnante alchimie de caractères et de personnalités toutes différentes

Bref, en finalité, peu de compétences purement nautiques, mais surtout des capacités humaines et relationnelles avant tout. Si vous parlez plusieurs langues, n’hésitez pas non seulement à le dire mais aussi à proposer quelques leçons pendant la traversée, surtout si les autres équipiers éventuels ne connaissent pas la langue. Pareillement, si vous êtes un as de la cuisine, dites-le et parlez de votre recette préférée. 

Faire connaissance et échanger, premier pas avant d’embarquer

A l’autre extrémité, ne mentez pas sur telle ou telle capacité. Si vous ne comprenez pas un mot d’Anglais, ne dites pas être “bilingue français / anglais”. Si vous ne savez pas ce qu’est un taquet, évitez de vous qualifier de “matelot aguerri”.

Ne pas mettre en avant autre chose que l’aspect marin

De plus en plus souvent, on trouve des recherches d’embarquement accompagnées de photographies qui mettent en valeur les caractéristiques physiques du ou de la candidate au voyage.

Rappelez-vous que ce que vous recherchez c’est une traversée, pas une rencontre amoureuse ou quoi que ce soit de plus intime. Se passe à bord ce que vous et les autres parties acceptent qu’il se passe, quoi qu’il en soit la recherche dans une bourse d’équipiers est celle … D’équipiers, rien de plus.

C’est à une croisière en bateau que vous candidatez, rien de plus

Donc nul besoin de mettre une photo de vous en éphèbe super bronzé, il suffit d’une photo simple et basique, tel que vous l’enverriez à votre tante, votre grand-mère ou vos collègues de travail.

Une simple photo de vous, sans chichi, suffit.

Il ne doit, ici encore, flotter aucun doute ni aucune suspicion de quoi que ce soit de possible ou de probable durant la traversée, il en va de la sécurité de l’ensemble de l’embarquement.

Se mettre d’accord avant d’embarquer

Avant d’embarquer, il y a une myriade de choses sur lesquelles se mettre d’accord, depuis “quel jour prévoyez-vous de partir” jusqu’à “avez-vous un port d’arrêt prévu si au bout de deux jours l’un(e) comme l’autre se rend compte que le courant ne passe pas ?”.

Se mettre d’accord au préalable au départ sur ce qui est à faire et par qui permet de prendre la mer l’esprit plus léger

Anodines au premier abord, ces questions, vous aurez pris soin de les noter et de cocher les réponses au fur et à mesure de la discussion. N’hésitez pas à soumettre ce questionnaire au potentiel chef de bord, vous êtes deux à choisir et aucun n’a plus ou moins de pouvoir que l’autre. 

Cette liste, voici un exemple de contenu, qu’il conviendra d’adapter à votre situation

  • Quel jour et à quelle heure prévoyez-vous de partir ? 

  • Avez-vous prévu un port de débarquement si nous ne nous entendons pas après 2 jours de navigation ? 

  • Avez-vous le mal de mer ? 

  • Quelle organisation de quarts prévoyez-vous ? 

  • Quelles tâches souhaitez-vous que je remplisse à bord ? 

  • Êtes-vous marié(e) ? 

  • Avez-vous des enfants

  • Qui conserve les passeports ? 

  • Pouvez-vous me remettre, avant d’embarquer, une copie de votre passeport ? 

  • Puis-je contacter certains de vos anciens équipiers ? 

  • Quel type de cartes marines utilisez-vous ? 

  • Quelles langues parlez-vous ? 

  •  Y a-t-il des choses qui vous insupportent chez les autres ? 

  • En cas de tempête ou de temps très dur, que faites-vous généralement ? 

  • En cas d’absence de vent, que faites-vous généralement ? 

  • Jouez-vous aux cartes / aux dés / aux dominos … ?


Et toute autre question qui vous permettra d’être rassuré. Bien qu’il puisse ressembler à un interrogatoire de police, ce questionnaire si vous expliquez au chef de bord son utilité pour vous comme pour lui sera bien pris et compris. Et s’il est mal pris, alors cela signifie peut-être que ce capitaine n’est pas celui qu’il vous faut pour cette traversée ? 

La question des frais ?

A l’origine de nombreuses tensions et mésententes, la question des frais. Elle est délicate si elle n’est pas abordée, comme de nombreuses questions. Parmi les frais qui sont à prendre en compte, il faut penser

  • Carburant

  • Nourriture

  • Boisson

  • Entretien - réparation en cas de pépin à bord

  • Lavage du linge (à bord ou à terre)

  • Consommables (produits vaisselle, produits d’entretien, lessive, café, thé, papier toilette …)

La caisse de bord doit permettre de couvrir l’ensemble des dépenses dans le fonctionnement quotidien du bateau et prévoir, aussi, de couvrir d’éventuelles pannes

Bref, ce que tout le monde utilise.

En aucun cas, les frais ne doivent inclure le temps de travail (à la barre, au nettoyage du bateau…). La bourse aux équipiers ne consiste pas à trouver un équipage mais à partager un moment avec d’autres personnes et de voyager en même temps. Inclure le temps de travail dans les frais (par exemple considérer qu’une heure à la barre vaut telle somme) s’apparente à un contrat de travail et est encadré par le Code du travail, entre autres. Prudence donc sur ce point.

Et, l’élément le plus compliqué, faut-il ou non prendre en compte dans les frais l’utilisation du bateau en lui-même par l’équipier embarqué ? Dans le principe, non, car dans tous les cas le capitaine aurait fait cette traversée et ce n’est pas la présence ou  l’absence d’une personne à bord qui changera quoi que ce soit. Mais c’est un élément important qui doit venir dans la discussion.

Une fois mis au point l’ensemble des dépenses, ce ne sont plus que des mathématiques qu’il faut faire, diviser le montant total - réel ou supposé - par le nombre d’équipiers. Chacun verse sa contribution au moment convenu (avant le départ, au départ, au fur et à mesure, à l’arrivée …) et les choses sont claires et aisées.

Et l'expérience du capitaine alors ? 

Si le savoir et l’expérience nautique de l’équipier sont inspectés à la loupe, les compétences et les habitudes du capitaine doivent, elles aussi, intéresser le candidat équipier. En effet, si vous partez dans une traversée du pacifique à bord d’un bateau skippé par une personne qui n’a que l’habitude de faire de la Méditerranée, les déconvenues peuvent arriver bien vite et les conséquences être catastrophiques !

L’expérience du chef de bord est importante, car il est le garant de la sécurité de son bateau !

N’hésitez donc pas à demander et à vérifier (par son numéro AIS sur Internet par exemple) où le chef de bord a déjà navigué, depuis quand il possède le bateau, quels travaux ou changements il a déjà réalisé dessus ou, encore, quels permis bateau il possède.

Si vous avez un doute quant à une compétence, n’hésitez pas à demander à appeler un ancien de ses coéquipiers. Une personne honnête et sûre d’elle n’aura aucun souci pour vous donner ce contact.

Fiez-vous à votre instinct aussi. Si cette notion est particulièrement subjective, certains indices doivent vous mettre en alerte. Par exemple, pour une femme candidate à l’embarquement, le fait que le chef de bord fasse, par défaut, une bise, est un signal d’alerte à entendre. Autre indice, si la première rencontre se passe dans un bar et que ce chef de bord vous semble boire plus que de raison, voyez-y un message de précaution.

Tous les marins aiment raconter leurs aventures, parfois - toujours - en grossissant un petit peu la hauteur des vagues, la vitesse du vent ou la dureté de la mer. La navigation est une passion qui se partage et dont on est, le plus souvent, fier. Ainsi, un capitaine ou un chef de bord muet ou qui n'aura pas ou peu d’aventure à raconter peut signifier que cette personne est très timide - c’est un trait de caractère comme un autre - ou que les compétences annoncées par ce marin au long cours sont largement exagérées !

Il n’y a pas qu’Internet ! 

Le réflexe de faire appel à Internet, aux réseaux sociaux, aux bourses en ligne est sans doute le premier qui vient à l’esprit de tous les candidats à une traversée. Mais ne vous limitez pas au virtuel.

L’internet et les réseaux sociaux ne sont pas les seuls endroits où trouver un embarquement. Pensez aux humains autour de vous !

Pensez à déposer une annonce dans la capitainerie du port et à y lire les propositions d’embarquement. Au “Bar du port”, demandez au patron s’il sait qui parmi ses clients possède un bateau et envisage une prochaine croisière. Vous pourrez ensuite vous porter candidat, même si a priori ce propriétaire n’avait pas envisagé d’embarquer quelqu’un.

Dernière astuce, qui nous a été communiquée comme étant aléatoirement efficace. Vous imprimez votre CV et votre proposition d’embarquement en plusieurs exemplaires et les déposez sur le pont des bateaux qui semblent en activité au moment ou vous le faites. Bien sûr, vous déposez un galet ou dessus pour ne pas qu’il s’envole et vous pensez à faire figurer un contact (téléphonique de préférence). Il est très probable que parmi les CV déposés, un soit lu et intéresse un futur coureur des mers !

Pensez à remercier au débarquement 

Une fois la croisière achevée, lorsque tout s’est bien passé, il est convenable de remercier le chef de bord, son épouse si elle est présente aussi. Sans investir de fortune, remettre à l’un et à l’autre un petit cadeau fait plaisir et marque une forme de gratitude dont tend à manquer notre monde actuel.

En fin de voyage, un petit cadeau de la part des équipiers fait toujours plaisir et montre de la reconnaissance à un bon chef de bord, n’hésitez pas 

Et lorsque vous aurez retrouvé votre connexion internet, pensez à aller laisser les compliments, remarques ou commentaires justes et réels à propos de la personne, de son bateau et de l’expérience vécus sur les réseaux sociaux ou les sites de bourse aux équipiers, votre avis servira de futurs candidats et encourage le chef de bord à faire de nouveau confiance à des équipiers candidats.

Un mot … Humanité

C’est entre êtres humains que se pratique la plaisance. C’est donc en tant qu’être humains que vous vous rencontrerez avec votre futur capitaine !

Au risque de sembler trop gentil, il n’y a qu’un seul secret pour trouver un embarquement et qu’il se passe bien. L’humanité et la bienveillance. Ce sont deux traits de caractère qui permettent de passer du temps avec des inconnus jusqu’à ce qu’ils deviennent plus que des coéquipiers, presque des amis qu’on aura plaisir à revoir à terre.

N’est-il pas temps, en 2023, de remettre de l’humanité dans les relations humaines ? 

Crédits photos : 

Photo 000 : Olivier Tourchon

Photo 001 : Flickr/Philippe STANUS

Photo 002 : Flickr/Coast Guard News

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Photo 004 : Olivier Tourchon

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Photo 007 : Flickr/[martin]

Photo 008 : Flickr/Palagret

Photo 009 : Flickr/KnitSpirit

Photo 010 : Flickr/Kevin Dooley

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