Dix faits surprenants et amusants sur la mer et les océans

Satanés journalistes corrompus !

Bonjour à vous qui prenez le temps de me lire.

Les journaux



Décrié, étrillé, critiqué … le métier de journaliste, après le feu métier de bourreau en France, est sans doute l'un de ceux qui est le plus haï par le public, cette organisme difforme qu'on appelle "l'opinion publique".

Que l'un d'entre nous donne la parole aux partisans des chaussettes hautes, l'association française des porteurs de chaussettes hautes criera au scandale, à la corruption et j'en passe. Qu'on ouvre le micro ou l'offset à la gauche, la droite nous traitera de vieux réactionnaire de droite. Si, par malheur, on commet l'erreur de sourire un tout petit peu à ce qui nous semble, en notre for intérieur, être une mesure sociale juste, je ne parle pas de la commenter, juste d'un rictus incontrôlé, nous sommes classés dans les anarcho-socialo-communo-islamo-gauchistes à tendance je ne sais quoi.

C'est quoi, un journaliste ?

Pourtant, après celui de rentier, je crois que le métier de journaliste est l'un des plus beaux du monde. Dans le principe le plus ancien, est journaliste celui qui tient le journal des choses. Donc qui prend note, chaque jour, de ce qui a fait la journée précédente. Comme, chaque nuit, les hémisphères cérébraux de ceux qui en possèdent communiquent l'un avec l'autre pour trier, analyser, ranger, classifier ce qui a fait cette journée. Le cerveau est certainement le meilleur et le plus performant de tous les journalistes, il sait tout, se souvient - consciemment ou non - de tout et il a la capacité passionnante de contextualiser les choses.

En d'autres termes, prenons l'exemple de l'ex-humoriste Jean Marie Bigard. La chauve-souris qu'il décrivait si bien dans son sketch était dans un contexte totalement improbable, sonnant à un interphone, prenant la voix d'un proche et montant les escaliers. Cela ne vous rappelle pas, sur la forme, certains de vos rêves, totalement dépourvus de sens et pourtant composés d'une myriade de micro réalités ?

C'est exactement cela que le métier de journaliste :

  • Prendre un contexte : un immeuble, un interphone, un habitant
  • Un évènement : Sonnerie de l'interphone chez l'habitant
  • Une action : On a sonné à l'interphone
  • Une précision : c'est une chauve-souris

Fort de ce constat, le journaliste va rédiger son article, dans un contexte, avec des acteurs et des précisions. Ces acteurs peuvent être des connus ou des inconnus, identifiés ou non, identifiables ou non.

Le contexte comme marge de manœuvre 

Toute la subtilité réside dans le contexte qu'on met autour de l'information. Si on annonce qu'à l'époque où l'homme vivait dans des grottes les chauves souris avaient pris pour habitude d'avertir de leur arrivée en émettant un son audible par l'humain, personne ne sera plus étonné que cela. Si oncontextuamise au XXe siècle le même animal qui utilise le moyen à sa disposition pour alerter le même humain dans son même lieu, l'information devient absurde ou amusante.

C'est le biais du contexte et c'est le piège dans lequel notre cerveau tombe à tous les coups. Si on précède un reportage sur les cambriolages - c'est un exemple - d'un reportage sur l'arrivée massive de migrants en provenance d'un pays en guerre, faineant cerveau va réécrire, dans sa mémoire immédiate "les réfugiés sont auteurs de cambriolages". C'est ça le principe du contexte.

C'est d'ailleurs largement utilisé - de manière nettement moins grossière - par les chaînes et les médias qui ont besoin de remplir, chaque matin, 24 heures entières d'information. Elles le font à grand renfort de flash spéciaux, de bandeaux défilants et d'autres artifices que nos différents sens (ouïe, vision) interprètent différemment, au point de les mélanger.

C'est aussi à cela que sert le moment "les titres" de tout journal (presse écrite, parlée ou filmée). Il prépare notre inconscient à la dichotomie des annonces à venir. Ce moment est crucial car, à défaut, tout se mélange, comme dans nos rêves.

Les journalistes, tous pourris !

Je mentitais en écrivant que les journalistes sont, nous sommes, tous des chancres vertueux, exempts de tout défaut et totalement incorruptibles. Les Elliot Ness ont la vie courte et, le plus souvent dans le vouloir ni en avoir conscience, la façon de passer une information - le résultat du métier de journaliste - sera influencée par un ensemble de détails qu'il aura vu, entendu, sentis, touchés ou mangés. Si un sujet sur les poulets élevés en plein air fait l'ouverture du 20 heures et que le journaliste a - pardon aux végétariens et aux vegans et aux amoureux des gallinacés et aux allergiques aux plumes et aux défenseurs des vaches laitières et aux Bretons qui n'aiment pas les Normands et aux Normands qui n'aiment pas les Normands - mangé une succulente (mais honteuse, je sais) escalope à la crème le midi même, il aura inconsciemment en mémoire ce plaisir. Et le traitement qu'il fera de cette information en sera immanquablement influencé !

De l'intérêt des rédactions

C'est là que l'existence d'une rédaction composée de femmes et d'hommes, de sensibilités diverses et opposées, de positions sociétales diverses, d'origines sociales multiples et même, en faisant comme Maurice et son bouchon - d'orientations ou de préférences sexuelles différentes est importante. Seulement voilà. Le droit, en France, heureusement, n'autorise et ne tolère aucune discrimination ni aucune question. Si l'égalité entre les hommes et mes femmes est une obligation et un objectif légaux, l'hétérosexualité n'a pas de prévalence sur l'amour porté aux félins. Pas plus que les tendances végétariennes d'un éditorialiste n'a de comparaison avec l'attirance d'un autre éditorialiste pour les hommes barbus.

C'est ce qu'on appelle des sensibilités, ces préférences ou des attirances. Pas des caractéristiques quantifiables ni qualifiables. Encore moins - heureusement - qualifiantes ou disqualifiantes. Ce sont autant d'états qui influencent inévitablement la façon d'aborder et de traiter un sujet. Et donc la façon d'en parler. Pas un "tous pourrisme" ou un "vendu à la cause".

Aucun corrompu ?

Ne lisez pas dans ces lignes qu'aucun journaliste n'a jamais été corrompu. A la base de notre métier,le communiqué de presse qui annonce une nouvelle / un produit / une actualité / un évènement plutôt qu'un autre. La corruption, dans le sens "l'omniscience et l'omnipotence n'existent pas", est une réalité des journalistes. Nous sommes influencés, le terme est plus clair, par les informations qui nous arrivent.

De là à parler de corruption active… j'émets à titre personnel de réels doute quant au nombre de journalistes qui se laissent corrompre. Comprenez ici le nombre de journalistes qui, invités par exemple à un voyage de presse, seront plus clémentes et cléments à l'égard de l'invitant que de son concurrent. Il y en a certainement, une certaine proportion. Sans doute autant que de mécaniciens automobile qui seront plus enclins à proposer de l'huile Shell si la marque leur a offert une sacoche, de nounous qui utilisent des couches Pampers Carrefour fait une offre ou de cuisiniers qui seront influencés par les idées de Cyril Lignac.

Multipliez ses sources pour une information moins partiale

Vous trouvez que telle chaîne est trop à droite ? Que tel site est trop écolo ? je tel journal est trop de gauche ? 

Qui vous empêche de recouper les informations ? Dans la plupart des cas, pour les informations kaléidoscope (qu'on peut donc voir de manière distincte selon comment on les regarde), on retrouvera la même information de base, traitée sous un angle différent et avec des biais qui le sont tout autant.

Rien, absolument rien, n'empêche un lecteur d'acheter en même temps l'humanité et le figaro. Marianne et L'Express. Alternatives économiques et valeurs actuelles. Pas même l'argent, maintenant qu'on peut, par personne au sein d'un foyer, déduire un abonnement presse de ses impôts (je ne me rappelle plus du taux de réduction).

Sauf une chose ; cette habitude prise de recevoir la becquée. D'avoir accès à de l'information digérée par des animateurs télévisuels pendant des heures et des heures chaque soir. La feignantise ne touche pas que nos cerveaux comme je le disais plus haut. Elle nous habite et nous possède de plus en plus, au point de laisser d'autres décider en nos lieux, places et autorités de ce qui est bon ou mauvais pour nous en tant qu'individus.

La liberté coûte très cher

Nous jouissons, n'en déplaise à certaines et certains, en France, d'une liberté presque absolue. Il n'est que le pouvoir judiciaire qui peut décider que tel propos est contraire à la loi ou que telle prise de position ne respecte pas les fondements républicains.

La liberté, nous en jouissons toutes et tous sans le savoir, que nous soyons journaliste, maçon ou à la recherche d'un emploi. Celle de changer de chaîne, d'acheter un journal, d'aller sur un site internet ou d'assister à un meeting politique. Ou, plutôt, pour chacun des items ci-avant, au moins deux ou trois, pour se forger une opinion en son âme et conscience.

Comme les journalistes passent les messages.




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